Il y a des rituels que j'aime bien, comme par
Il y a des rituels que j'aime bien, comme par exemple le soir, quand je laisse Petit J. dans son lit et que je descends l'escalier (en croisant les doigts pour qu'il ne se mette pas à pleurer à gorge déployée) pour retrouver mon entièreté, mes bras, mon esprit, mes occupations, mon regard de veau perdu dans le vide : bon, et bien donc, le soir, quand je descends, je range tout : les cd éparpillés sur le sol, les livres sortis de l'étagère, les jouets en goguette, les cuillères qui dorment sous la table. Et la couverture, sur le dossier du fauteuil. Hop ! Après, ça semble plus grand.
Je repense à il y a un an, quand je me demandais ce que ça ferait d'être en bas juste J. l'homme et moi, alors que le bébé dormirait en haut. Aujourd'hui, je n'arrive plus à me détacher de cette idée qu'il y a l'enfant qui est là, bien là, même endormi hors de notre vue. Je ne peux pas me projeter en arrière et imaginer ce que ça faisait de n'être que deux, de pouvoir se coucher tard parce qu'on ne risquait pas d'être réveillé à 5h00, de pouvoir cuisiner un truc chiadé même à 21h00, de penser que le lendemain tout mon temps m'appartiendrait.
On n'a pas de place en crèche. Au départ, ce n'était pas un choix, je me revois enceinte, montant l'escalier en ouvrant la lettre de l'ONE m'annonçant qu'on était carrément virés de la liste d'attente tellement on était loin dessus. J'avais été partagée entre stress et joie. Puis en fait, la joie a pris toute la place : j'étais super heureuse à l'idée de passer plein plein de temps avec mon bébé, que son père aussi (le père plus stressé que moi par cette annonce), que le matin on allait pouvoir le laisser dormir au chaud dans son petit lit et non pas le sortir dans le froid de février. Tous les deux, nous aimons passer du temps avec notre bébé, l'observer, partager notre quotidien avec lui. Et à la fois, quand je compte sur les doigts d'une de mes mains le nombre de fois où j'ai été seule, complètement seule, depuis sa naissance... je suis très fatiguée. Je suis bloquée dans une situation, le plaisir, la joie, l'intérêt d'un quotidien avec mon bébé (et c'est pour ce quotidien-là que je désirais un enfant) et le désir de me retrouver (partagé par J. le grand).
En fait, la solution idéale, ce serait qu'on trouve une nounou à mi-temps (je préfèrerais qu'il teste la collectivité, les relations avec d'autres jeunes enfants, au calme, que le groupe soit très restreint, comme une fratrie), qu'il puisse y aller seulement quelques matinées par semaine, ou quelques après-midis. J'ai envie de vivre ma vie, et à la fois je n'ai pas envie de louper une micro miette de lui, tant qu'il est encore petit, tant qu'il est heureux lui aussi de nous voir beaucoup.