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17 janvier 2015

merci

Vous êtes une bande de gens super moelleux. Et merci pour vos petits mots, je me sens mieux accompagnée... Et puis ça m'a fait du bien de dire ce qui se passait.

Le problème des virages à 90° qu'on n'avait pas vu arriver, c'est qu'ils rendent le décor entièrement flou, pas juste le petit coin là en haut à gauche. Ca ajouté à la remise en question traditionnelle des trente ans, c'est un peu fort de café si vous voulez mon avis. Bon, alors, où suis-je, que veux-je ? Hop, à mon stylo, ne copie pas sur ton voisin Couac-Couac ! (bah non, certainement pas, je n'ai pas envie de vomir dans le hall d'entrée sans rien nettoyer, merci (ah mais ce n'était pas elle, c'était son invité, elle lui a envoyé un mail pour qu'il vienne nettoyer mais il n'est pas venu, c'est pas de sa faute !)).

Bref. A la fois, quel plaisir de savoir que tout est à inventer. Et quelle peur de se tromper...

A part ça : vous vous y connaissez en persil, vous ? Parce qu'on en a un qui est en train de devenir tout jaune. Il faut l'arroser tous les jours mais genre tous tous ?

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15 janvier 2015

C'est quand même dur en fait. La dernière fois

C'est quand même dur en fait. La dernière fois que j'ai écrit là j'étais sous emprise d'Arcade Fire, je ne vois que ça comme explication.
C'est un vrai pain dans la tronche qui arrive à un moment où j'étais en confiance. C'est traumatisant, humiliant, choquant.
Je ne dors plus du tout la nuit parce que je fais la liste de ce qui m'atttend (entre autres, faire la queue chez Actiris et faire la queue à la capac (parce qu'il paraît que la fgtb et la csc c'est nul)). Quand mes collègues m'ont parlé de ça, j'ai eu les larmes aux yeux tellement j'ai pas du tout envie, pas de temps à perdre à ça, autre chose à faire. En plus, comme je veux revenir en France, je vais sûrement ajouter à ces plaisirs simples un petit rendez-vous chez Pôle-Emploi à Lille.
Bon, à chaque fois que j'arrive au travail, j'ai les larmes qui montent. Mes collègues ne me disent plus "salut ça va ?" mais un petit "salut..." gêné. Sans compter ceux qui font semblant de ne pas me voir (oui oui). Enfin, ceux-là, ce ne sont pas ceux de la partie de l'équipe avec laquelle je bosse. Parce que eux, ils sont bien. Ils me malaxent le bras, me sourient, me coachent et me disent que c'est carrément injuste ce qui m'arrive et qu'ils sont tristes.
Il y a aussi cette collègue (pas de mon équipe) qui me dit juste "il faut voir ça sous un angle positif" et celui qui me dit "je me suis rendu compte que si ça m'arrivait, finalement, ce ne serait pas négatif, ce serait pour moi un bon coup de pied au cul", à qui j'ai envie de dire "ah mais on échange hein, pas de souci !".
Bon, je le dis pour que la note soit complète mais bien sûr j'ai une boule dans la gorge et je remets ma vie entière en question. Je suis complètement déprimée. Malgré les projets, enfin surtout un.
Je n'aime pas cette pression des cinq mois qui me restent, beaucoup mais pas beaucoup. Je n'aime plus trop être au travail, je me sens déjà à l'écart, un peu comme la poubelle qu'on a oublié de sortir et qui doit rester encore trois jours dans la cuisine alors qu'elle ne sent pas bon et qu'elle encombre (et qui ne sert à rien vu qu'elle est fermée).
Je ne vois plus le décor de la même manière, c'est immédiatement devenu inconnu, plus du tout familier.
Je suis nostalgique de tout ce qui s'est passé pour moi, là. Je suis triste que ça se termine comme ça. Je suis fatiguée.
Comme j'avais les lamres aux yeux l'autre matin, mon patron m'a serrée dans ses bras. C'était bizarre et soulageant.
Ils vont me manquer, tous ces gens.

13 janvier 2015

2015
1ère semaine : 30 ans
2ème semaine : attentats
3ème semaine : licenciement économique, remerciée par mon patron.

Tout le monde n'a pas la chance de se faire virer en s'entendant dire d'une personne en larmes, qu'il est un papillon venu se poser là quelques années en apportant le bonheur, mais qui doit repartir parce qu'on a besoin de lui ailleurs (là j'ai vraiment failli pleurer).
J'étais en train de travailler à mon poste, à côté d'un collègue, et puis elle est venue me chercher, les larmes aux yeux, elle m'a dit "Elisabeth, P. et moi on voudrait te parler, c'est assez grave...". J'ai demandé si j'avais été trop en retard, elle m'a caressé le bras en me disant "mais non, si c'était que ça !...". Là on se sent flancher, on a le coeur qui rate un battement, je dis "vous me mettez dehors ?!", elle me dit, "Tu verras, P. va te dire". Je la suis dans l'ecalier, je lui dis "non mais vous allez me virer ?!", elle me dit "tu vas voir". Et puis me voilà dans cette petite salle de réunion où avant, je tirais mon lait, je dis "dites-moi parce que là je suis bien stressée". P. me dit "Mais tu peux. Assieds-toi". Et là, PAF, la nouvelle. Le virage mal éclairé qu'on n'avait pas vu venir.

Et ma rétrospective continue dans ma tête, qui m'empêche de dormir.
Je suis ces soirées à regarder Les Jeux d'Interville en chemise de nuit, cette nuit où on a vu la voie lactée dans le ciel du Gers, ces places couvertes, ces vestiges de romaineries en mosaïque, cette fille qui malaxe les verrues qui dépassent du filet à chien tendu entre les deux sièges avant de la voiture, cette fille qui joue à l'élastique sans élastique, substitué par deux lignes d'entre-pavés parisiens. Je suis cette fille qu'on soulève par le haut de son collant pour le remonter comme il faut, et que c'est trop bon, cette fille qui se dit en 1993 qu'elle pleurera toutes les années en 3 toute sa vie, cette fille qui frotte tellement le bout de la moquette de sa chambre du bout des doigts que ça finit par brûler. Je suis cette fille qui fait le voeu, en lançant une pièce dans la fontaine, de se faire payer aussitôt un pain au chocolat, et que ça marche. Je suis cette fille qui a envie de chanter Arcade Fire en allant au boulot mais qui n'ose pas, je suis cette fille qui profite d'avoir un bébé en porte-bébé pour chanter dans la rue, comme si c'était vraiment uniquement pour lui. Je suis ce pull troué par les mites mais que j'aime trop mais qu'à chaque fois que je le porte je me sens un peu nulle.

Quand j'étais petite, j'imaginais que le chat ne mourrait pas tant que je ne l'aurais pas embrassé partout (et comme je ne souhaitais pas l'embrasser partout...). Je me figurais qu'un zizi ressemblait à une saucisse Herta, je trouvais que la plus grande femme du monde du livre des records était la plus belle femme aussi et qu'elle avait la classe d'être aussi grande (la petite en rouge à côté me semblait minus). Je trouvais que les prénoms de mon père et de mon frère étaient les plus beaux de la terre et j'espérais n'avoir jamais de garçon parce que je ne voyais vraiment pas quel autre prénom donner. Mon père me prenait dans ses bras pour monter l'escalier le soir et il m'appelait "ma poupée", j'étais fascinée par les omoplates de ma soeur, je trouvais que c'était très beau de n'ouvrir les yeux qu'à moitié, jusqu'à ce qu'une copine me demande pourquoi je faisais un regard bovin.
Quand j'étais plus jeune, je ne tombais amoureuse que de garçons homosexuels, comme je prenais mon courage à deux mains pour aller leur parler (avant de savoir qu'ils l'étaient), j'avais beaucoup de copains homosexuels. On me disait souvent "tu es pure" et je n'ai jamais compris pourquoi. Je mettais du rouge à lèvres avant d'aller me coucher, je priais quand ça m'arrangeait même si je n'étais pas croyante. Je me disais que j'étais jeune.

Je ne sais pas ce qui se passe, ça doit être le grand remue-méninge de la trentaine dont on m'a parlé.

Sans compter les projets, les plans que j'échafaude, les possibles que j'étudie en me disant qu'il faut profiter de l'occaz', les choses que je n'aurais jamais imaginé faire et que je vais peut-être faire, une de ces choses, c'est sûr. Trop bien.

2 janvier 2015

Une nouvelle année qui commence, la précédente

Une nouvelle année qui commence, la précédente même pas encore adoptée. Je me crois encore en 2013. Il faut que j'écrive plus de lettres avec date en haut à gauche, ça m'aiderait.
Alors comme ça, en une seconde, on passe de décembre, en bas, dans les tréfonds, à janvier, en haut, au soleil.
On achète des bottines rouges à me faire pâlir d'envie mais en pointure 20, on les enfile et on sort juste devant la porte de l'immeuble. Je pose l'enfant à terre, il marche comme dans de la neige sauf qu'il n'y a pas de neige, ça a l'air de faire bizarre de marcher avec des chaussures pour la première fois.
Il marche, souriant, heureux, infatigable, serrant deux de mes doigts dans sa main (sinon c'est encore la chute). Je réalise que c'est la première fois qu'il a une si bonne visibilité, pas de parent gênant devant les yeux. Il est fou de joie. Il s'intéresse de près aux roues des voitures, aux bouches d'égoût, à la petite mousse entre les pavés, aux pavés, aux plantes. Il n'arrête pas les "'gad' !" ("regarde !"). Il rigole avec tous les gens qui lui adressent la parole, il veut un morceau de ces sandwiches mangés par des touristes devant la cathédrale. Il veut suivre les chiens, poser sa main sur tous les poteaux au bord du trottoir.

Depuis que j'ai arrêté d'allaiter Joachim il y a trois semaines, j'ai des espèces de bouffées de bonheur, un sentiment de plénitude, et un souvenir qui me revient en boucle.

Je suis à l'école primaire, c'est le début du printemps. On a sorti les habits d'été et rangé ceux d'hiver. C'est le matin, on sort pour aller à l'école, on a juste une culotte, une robe d'été, un gilet d'été et des socquettes dans des sandales. Il fait encore frisquet le matin. On sent le frais sur nos jambes. Ca sent les fleurs, les feuilles qui poussent, l'herbe qui verdit. Des oiseaux chantent, mais bien. C'est pas juste des pigeons, ce sont des oiseaux mélomanes et de différentes sortes qui nous offrent un concert de bonheur.
Eventuellement on va à l'école en courant dans nos cordes à sauter. Ca sent la fin de l'année, tout le monde a l'air plus détendu et plus heureux. On passe par l'allée des glaïeuls et les jardins sont bondés de verdure et d'oiseaux. Ou bien on passe par le parc dont je garde un souvenir majestueux.
Le bonheur, c'est ça pour moi.

Janvier, ça ressemble toujours au printemps.

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