Il y a eu deux semaines de vacances, j'ai passé deux semaines à lutter contre un rhume. Mais pas un petit rhume mignonnet qui fait joli dans le mouchoir à fleurs, non, un gros rhume verdâtre et épais que tu dois mettre ton mouchoir au sale à chaque fois que tu te mouches, et que donc tu salis tous les mouchoirs en deux jours (et encore), du coup tu passes aux torchons, et puis quand tous les torchons sont au sale et ben tu passes aux serviettes de table et après, il est vraiment temps de lancer une machine et bonjour l'étendage relou.
Après il y a eu la période où je me suis mise à tousser, tousser, tousser. Et puis tout à coup, on ne sait pas trop d'où ça sort, il y a eu de la fièvre. Genre (pour un rhume !). Bon... Je mets en place ma technique anti-fièvre (rester sous ma couette tout le jour en lisant des bandes-dessinées (ça tombait bien, c'était férié, J. était là pour gérer J. toute la journée pendant que je grelottais en transpirant sur mon oreiller (quelle horreur la fièvre !)). Et puis on n'avait pas de Doliprane pour adultes du coup j'ai pris de l'Advilmed pour enfants de moins de trente kilos parfumé à la fraise, c'était immonde mais J. était quand même jaloux parce que lui il trouve ça délicieux et il en voulait aussi.
Avec tout ça, j'ai perdu l'appétit. Impossible de manger, de la soupe de lentilles à la rigueur, alors J. qui adore les lentilles a fait de la soupe de lentilles et j'ai dû me forcer pour finir ma louche. Je me disais que le lendemain ça irait mieux.
Le lendemain, ça n'allait pas mieux. J'étais épuisée d'avoir passé ma nuit à tousser, ce qui n'avait même pas empêché J. de dormir, j'avais la gorge en sang et des courbatures aux abdos. Et toujours le nez qui coulait et la gorge prise. Le cauchemar...
Du coup, je suis allée chez le docteur. Il y avait genre neuf personnes avant moi dans la salle d'attente, il restait juste une chaise d'école pas confortable et j'ai lu deux Marie Claire (dont un pas en entier parce qu'à un moment je me suis rendu compte que je l'avais déjà lu) et deux magazines "maison créative" que je ne connaissais pas avec des "avant/après" où qu'c'était vachement mieux après. La fille d'à côté jouait à un jeu sur sa tablette, genre Dynomite mais pas avec des oeufs de dinosaures, avec d'autres trucs pas identifiés. Elle était en tongs alors qu'il faisait environ -12°C et elle avait les ongles des pieds longs, comme si c'étaient des ongles de mains. Le mec à droite avait peur de se faire piquer sa place alors quand il a voulu sortir de la salle d'attente pour faire j'sais pas quoi, il a posé son chéquier sur sa chaise et il m'a dit "vous me le gardez ?" et j'ai dit "non" et c'est tout. Un type a pris l'initiative d'ouvrir la fenêtre et c'était une bonne idée mais il a perdu confiance en lui pendant qu'il se débattait un peu avec le voilage, il a eu peur de déranger je pense, ou de se faire remarquer, et donc il l'a ouverte juste de trois centimètres et comme la personne qui était assise à côté de la fenêtre a été appelée à ce moment par le docteur il a pris sa place.
Le docteur a écouté mes poumons avec son stéthoscope et il a fait mine de s'étrangler de choc en entendant le grésillement là-dedans (un peu le même bruit que la machine pour faire frire les oeufs Fisher Price). Il a dit "bon, je suis désolé mais je vous donne des antibiotiques".
Je n'en pouvais tellement plus de mes nuits blanches à tousser que je comptais sur les antibiotiques pour avoir un effet immédiat et miraculeux. Je DEVAIS aller mieux.
Donc hop hop hop, je prends mes petites pillules, mes petits sachets parfum orange dégueulasse à diluer dans l'eau, un peu de Doliprane pour l'ambiance vu que maintenant j'en ai carrément du pour adultes, et puis j'attends et en fait il ne se passe rien, je me dis "demain, ça ira mieux".
Et puis le lendemain, c'était aujourd'hui et là, catastrophe, c'était pire que tout. La toux à son apogée, le méga rhume verdâtre de retour, la fièvre, pas faim, crevée, mal partout... Je commençais à me dire que le docteur s'était planté, que ce n'était pas une bronchite aigüe que j'avais mais une pneumonie et que j'allais mourir à cause d'une erreur de diagnostique, l'angoisse.
Heureusement, le vendredi, J. ne travaille pas (parce que le jeudi si, même si le jeudi matin je lui ai demandé de prendre une journée femme malade mais il n'a pas voulu) et comme c'est quelqu'un qui aime rendre service, et bien il a accepté sans tortiller que j'aille me recoucher vers 11h00, et après j'ai passé 6h dans le lit à claquer des dents en transpirant sous les bras, tout en relisant toute ma collection de Jérôme K. Jérôme Bloche (que je n'avais pas lue depuis longtemps donc c'était comme si c'était une première lecture, trop bon !) et en faisant des micros siestes.
Et puis tout à coup, j'ai eu le désir de sortir de mon lit, et j'étais épuisée, K.O., mais ça allait mieux : narines débouchées, respiration fluide, fièvre envolée... J'ai compris qu'aujourd'hui avait été le jour du combat et que les antibiotiques et moi, on avait gagné.