évasions
Un jardin très vert, du soleil, une table de jardin en fer, une maison hantée, des enfants qui jouent, de la limonade, les fenêtres ouvertes, les volets entre-fermés, le salon dans l'ombre, le mec d'une grande soeur, très chic en short et polo. Une chambre d'enfant très sombre, la commode devant la fenêtre, des rideaux lourds, le feuillage des arbres qui bouche la vue et fait la lumière verte, les murs recouverts de poupées et de peluches rangées là, comme des trophées de chasse. De beaux meubles, des habits Jacadi, un lit de petite soeur en fer, les meubles en carton pour Barbie (fabriqués par Marie et moi) rangés en-dessous. un souvenir de petite enfance, chez ma copine Flore.
Se promener dans les rues de Saint-Malo pas encore envahies de touristes (on est en juin, mettons) à la recherche d'une crêperie, avec Mathilde, Carole et Nina. Passer devant celles où elles ont déjà travaillé. Les remparts, la couleur de cette pierre bretonne, les magasins de glace, la peau chauffée tout l'après-midi qui sent le sel, les sandalettes pleines de sable. Refaire le monde avec une bolée de cidre, puis aller boire un dernier verre à La Java, le bar du coin de la rue d'en face. Rire comme des folles, ne sentir aucun nerf contracté, puis remonter dans la voiture des parents de Mathilde (qu'ils nous ont prêtée) et revenir à Rennes. M'endormir toute seule dans mon petit lit, le coeur ivre et exhalté. un souvenir de mes années Rennes.
Grimper dans la 106 pourrie des parents de Jérome, n'avoir presque rien sur la peau, juste un petit soutif, une mini culotte, une riquiqui robe, mais crever de chaud. La voiture sent la poussière chaude. Je regarde partout pour êre sûre qu'il n'y a pas un faucheux qui va me tomber sur le coin de la tête. Rouler, chanter à tue-tête (du Camille). Se laisser guider par la route, visiter la Normandie, la basse et la haute. Nous arrêter sur certaines plages et profiter de ne rien faire ensemble dans ces paysages grandioses. Manger des chips, des sandwiches et des fraises (et des framboises du jardin de ses parents). Regarder Jérome conduire, faire un jeu (deviner à qui l'autre pense en posant des questions et que l'autre ne puisse répondre que par oui ou non). Jérome si concentré sur la personnalité à trouver (le Père Noël) qu'il manque de monter sur un rond-point, grosse frayeur mais souvenir rigolo. un souvenir de mes années Havre.
En parlant de rond-point. Être dans la 205 de Manu, avec aussi sa petite soeur (qui est vraiment petite, genre 5 ans). Nous suivons la voiture de ses parents, nous allons au restaurant. C'est la première fois que je les rencontre. Manu conduit n'importe-comment et sa petite soeur et moi rions à n'en plus respirer. A un moment, nous arrivons à un rond-point tout de pelouse vêtu. Mise à part la voiture des parents de Manu devant, il n'y a personne dans les parages. Manu qui nous dit "je fais le tour où je passe dessus ???" et sa petite soeur et moi, nous mettre à crier "dessus, dessus !" et passer à travers le rond-point. Une fois arrivés au restaurant, nous faire engueuler par son père pour notre imprudence. un souvenir de Rennes.
Dans la charetterie avec Jérome. Il est environ une heure du matin. Le regarder finir de bricoler un élément de décor/jeu pour le mariage de sa soeur qui a lieu le lendemain. Me les peler, trouver ça fou d'être là, assise entre cette tondeuse-tracteur et ce tracteur-tracteur, énorme. La vie nous emmène là où on n'aurait pas pensé être et c'est ça qui me plait. un souvenir d'août dernier.
Quand j'avais 19 ans, je suis allée travailler dans les Alpes. J'y suis allée seule, et ma copine Pauline devait me rejoindre une ou deux semaines plus tard. Le premier soir, j'ai dîné chez mon employeur et sa femme, des gens que je n'avais jamais vus de ma vie, que je ne connaissais pas du tout. Ils habitaient au milieu de la montagne, dans une maison tout à fait isolée. Nous avions beaucoup roulé pour y aller. Je me souviens avoir regardé par la fenêtre, avoir vu des montagnes à perte de vue et pas grand chose d'autre, et m'être demandé comment je m'étais retrouvée là et ce qui allait advenir de moi. un souvenir de 2004.