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31 juillet 2007

réglage à la minute - les temps modernes

Lorsque le travail m'appelle à 8 heures du matin, je suis debout à 5 heures 30, je me lave puis file manger muffins au Nutella, jus d'orange, chocolat, fruits. A 6 heures 53, je suis dans le taxibus qui m'emmène jusqu'à l'arrêt de tramway, lequel passe à 7 heures 02. A 7 heures 23, je suis à la gare et je saute dans le bus n°1 qui passe à 7 heures 25. A 7 heures 42, j'arrive à l'arrêt "Mondeville Marcelin Berthelot" et je marche sur une route poussiéreuse jusqu'à un portail. Là, je dégaine ma carte magnétique pour rentrer puis je traverse le parking et j'entre dans La Tour. Je file dans la salle de pause, je sors mon téléphone portable pour contrôler l'heure et je me plonge dans mon bouquin. A 7 heures 59, comme j'ai une minute de retard sur la pointeuse, je vais pointer. Je rentre dans le bureau, j'allume mon ordinateur en disant bonjour et en discutant deux secondes puis je me plonge dans mes factures. A 11 heures 15, je sors du bureau, je pointe, je vais faire pipi, j'entre dans la salle de pause et appuie sur une des touches de la machine proposant des chocolats. Quand ça fait "bip", je le prends, je vais à une table, je sors mon bouquin (et mon portable, pour l'heure). A 11 heures 29 sur mon portable, je vais pointer, je rentre dans le bureau, je m'y remets. A 12 heures 30, je commence à accélérer sérieusement la cadence parce que j'aime bien finir mon lot de factures avant de partir. A 12 heures 45, je commence carrément à angoisser de ne pas terminer (alors qu'en fait j'ai le droit de laisser un lot inachevé - mais j'angoisse quand même, limite je tremble (je suis folle)). A 12 heures 52, je vois que je ne terminerai pas (ou bien j'ai terminé, mais c'est rare) et je ferme ma session. J'attends sans rien dire qu'il soit 13 heures, assise sur une chaise bleue qui me casse le dos. A 12 heures 59, avec mes collègues, on sort du bureau et on attend avec ceux des autres bureaux, devant la pointeuse, qu'il soit 13 heures pile. A 13 heures, je pointe, je marche super vite jusqu'à l'escalier parce que j'ai la flemme d'attendre l'ascenceur. Ensuite, je sors de La Tour, je traverse le parking, je marche sur la route poussiéreuse, je traverse une pelouse qui borde une autoroute (quand il pleut, c'est spongieux sous mes sandalettes), je traverse un massif de buissons, je passe sur un pont, je traverse deux passages piétons, je coupe par la pelouse du Mac'Do, je marche sur le parking de Mac'Do, je passe dans un endroit indéfini (square ? terrain vague ? rien du tout ?). J'arrive à l'arrêt de bus, j'attends environ trois minutes et le bus arrive. Je ne m'asseois pas toujours à la même place. On passe dans la rue Louis Barthou, comme celle où j'habitais à Rennes. Je vais jusqu'en ville et là, je cours jusqu'à l'arrêt de tramway parce qu'il passe dans une minute. Je monte dans le tramway, je me laisse transporter jusqu'à l'arrêt "Maréchal Juin". Je marche au milieu des voies de tramway inutiles l'été puisque le terminus est avancé d'un arrêt, il y a du vent, un graffiti "caucri en force" que je ne comprends que depuis que j'habite au Havre. Je traverse une fausse pelouse en moquette comme celle de Decathlon, je passe devant un terrain de foot vide, j'arrive à un passage piétons, j'appuie sur le bouton qui prend en compte mon appel et je me sens satisfaite parce qu'il ne ment jamais et je peux traverser rapidement. Je marche dans les ruettes des prés, j'arrive à la maison, je dis bonjour aux voisins qui font du jardinage. Il est environ 14 heures 15. Maman me demande comment je vais, elle m'a préparé à manger, elle me sert, je parle sans arrêt parce que je n'ai presque pas parlé depuis mon réveil et que c'est le supplice, pour moi. Des fois, elle me demande ce que j'ai prévu pour l'après-midi et si je veux je peux l'accompagner à La Poste, chez Cora (la qualité est là) ou chez Emmaüs (par exemple). A 16 heures, j'ai un énorme coup de barre et je commence à déprimer et à râler. A 19 heures, nous sommes à la maison et je m'endors, mais je me réveille à temps pour manger. Après dîner, on regarde la télé et c'est super mais je culpabilise parce que je suis crevée et que je le serai encore plus le lendemain si je ne me couche pas tôt. A 22 heures 30, après avoir appelé Couacman, je m'endors comme une masse.

Lorsque je commence à 13 heures, je mets quand même un réveil pour avoir l'impression d'avoir une vie en dehors du boulot. A 8 heures 30, il sonne et je me lève presque illico presto. J'ouvre mon velux puis je sors de ma chambre en fermant la porte derrière moi pour que Le Chat (c'est son prénom) ne se couche pas sur mon lit parce qu'il est plein de poils allergisants. Je file petit-déjeuner et à 9 heures 15, j'ai fini, la cuisine est même rangée et tout et tout. Je m'installe devant l'ordinateur, je me donne jusqu'à 10 heures pour trainasser. Là, je vais me laver. Ensuite, je vais dans ma chambre et je me dis qu'il faudrait vraiment que je range, alors pour joindre le geste à la pensée, je jette un vieux Kleenex qui traîne par là. Ensuite, je rêvasse et (mazette !) il est déjà 10 heures 45, alors je lis un peu. A 11 heures 15, ma Maman m'appelle parce que c'est l'heure de déjeuner. A 11 heures 40, je vais me laver les dents et comme je suis longuette, quand je sors de la saldeub', il est 11 heures 53 (genre) et je dois déjà penser à partir. Alors je pars. A midi pile, le taxibus passe et comme on est trois à l'arrêt de bus (dont une dame un peu grosse) et que le chauffeur a mis sa grosse mallette sur le siège à côté de lui, et bah on est trois à l'arrière et c'est intime.
A 12 heures 05, nous voici à l'arrêt de tram et on attend jusqu'à 12 heures 10 qu'il arrive. A 12 heures 30, on est à la gare et le bus passe à 12 heures 35. De l'arrêt "Marcelin Berthelot", je vais jusqu'à La Tour. Je file en salle de pause, je lis, je pointe, je bosse. A 16 heures 15, c'est ma pause. A 18 heures, c'est la fin. Je cours limite jusqu'à la sortie pour ne pas louper la navette qui circule le soir pour éviter aux gens comme moi de longer l'autoroute dans la pelouse spongieuse. Une fois à l'arrêt de bus, j'hésite entre prendre le n°1 qui va vite mais qui me réserve une correspondance, ou bien le n°14 qui ne va pas vite mais est direct (mais qui fait tout le tour de la ville). Ca dépend des fois. En attendant l'arrivée d'un des deux, je lis (et des fois, j'ai du bol, y a de la place sur le banc de l'abris bus).
Vers 19 heures 20, quel que soit le bus que j'ai pris, je suis en général à la maison et le dîner (fumant) m'attend. On discute en dinant, je raconte les dernières du boulot et Maman me raconte les dernières de la maison et de la rue.
Après manger, on allume la télé et on regarde la météo et un truc à propos des plages du monde, sur Arte. Après, on regarde d'autres trucs jusqu'à ce qu'il soit environ 22 heures 30 et on monte se coucher, mais en vrai je téléphone à Couacman et je lis, et je ne me couche qu'après.

Le lendemain, on est déjà le lendemain et j'ai déjà un jour de moins à faire par rapport à la veille...

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Commentaires
C
- Mariette : j'espère que je trouverai un jour un boulot qui me plaira !... Je ne suis pas une grande courageuse de la besogne.<br /> <br /> - Art Truk : je me rends compte aussi qu'il est plus aisé de faire des projets créatifs lorsqu'on fait un tel boulot : je m'évade de mon tableau de compte et j'imagine tous les projets que je pourrai concrétiser quand j'aurai plein de temps devant moi... mmhhh...<br /> <br /> - Zelapin : j'arrête pas de penser à tout ça et ce monde me fait peur, cette époque aussi !<br /> <br /> - Mam'zelle K : merci ! :)) Et puis c'est vrai que ça fait du bien de se faire chouchouter chez ses parents... surtout quand c'est provisoire et qu'on sait qu'on retrouvera ensuite son indépendance !<br /> <br /> - Sissi : c'est marrant ton idée de liste : une fois, pour l'anniversaire d'un copain, j'avais noté sur une carte tout ce que je pouvais lire dans la pièce où j'étais, quel boulot !
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S
je ne savais pas que Georges Perec avait une fille cachée ! c'est chouette, demain tu nous fais la liste de toutes les choses écrites que tu voies sur ton trajet… chiche?
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M
Métro-Boulot-Dodo ! Une vie de chien... Mais c'est sacrément agréable d'avoir une maman qui prépare de bons petits plats. Et le plan téloche tranquilou avec ses parents, ça fait du bien aussi. ça rassure.<br /> NB : tu as vraiment un don pour l'écriture...
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M
Métro-Boulot-Dodo ! Une vie de chien... Mais c'est sacrément agréable d'avoir une maman qui prépare de bons petits plats. Et le plan téloche tranquilou avec ses parents, ça fait du bien aussi. ça rassure.<br /> NB : tu as vraiment un don pour l'écriture...
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Z
Travailler plus pour gagner plus, plus de moments de vie comme ceux-là!<br /> De ces moments où l'essence même de la vie te saute au visage, où ton rôle dans ce vaste univers t'apparait comme évident, des moments que tu ne peux que savourer et qui t'ouvrent tellement de perspectives...<br /> Quelle chance tu as! <br /> (euh, au cas où: ironie, dérision...)
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