Je trouve qu'il est important de savoir de quoi on a envie, à moyen et à long terme. Je me dis ça parce que depuis que je suis à Bruxelles, mes buts et désirs sont devenus un peu flous et c'est très angoissant. Avant, je désirais pour ma vie certaines ambiances, des choses difficiles à expliquer mais des sentiments déjà éprouvés de chaleur et de bien-être que je projetais de retrouver et que je croisais parfois, ce qui me plongeait directement dans un état de grand bonheur.
Aujourd'hui, j'ai un peu perdu ça. Je voyais le monde de la création comme un monde rigolo et coloré, joyeux et enthousiasmant, et surtout léger. Maintenant, il me paraît féroce, emprisonnant, accaparant.
Je n'ai pas dessiné ni rien fabriqué durant mes deux premiers mois de vacances (sauf les étiquettes de pots de confiture) et ça ne m'a pas manqué une seule seconde. J'ai même eu l'impression que je n'en étais plus capable, que j'avais perdu toutes mes idées. D'ailleurs, j'ai encore un peu ce sentiment de n'avoir plus rien à raconter (d'où mes absences bloguesques). Je me sens vidée. Je pense que ma formation en illustration m'apporte beaucoup d'un côté, mais je sens aussi que j'y laisse des plumes et que je n'y suis ni épanouie, ni heureuse. Pourtant, je suis arrivée en illu super ravie à l'idée de produire de belles images, d'écrire des histoires (parce que normalement, j'aime ça)... et petit à petit, alors que les choses ne se passaient même pas mal pour moi, et bien l'envie et la légèreté se sont barrées et il ne me reste plus que la pression, le sentiment de ne jamais travailler assez (mais n'en déplaise à ma prof, je crois que je ne pourrais jamais travailler jours et nuits et consacrer ma vie entière à mon travail). Si un élan me pousse à m'asseoir face à une feuille blanche, mon crayon à la main, et bien je suis découragée avant même d'avoir tenté d'y faire un dessin.
Je me demande si l'envie va revenir et je croise les doigts. Hier et aujourd'hui, j'ai eu envie de dessiner ce qui m'a enlevé un énorme poids du coeur. Mais je ne suis plus jamais satisfaite de ce que je fais. Ca ne raconte pas assez de choses, c'est du déjà-vu, c'est moche...
Alors je m'efforce de relativiser, de penser qu'avant cette école, je vivais déjà et pas plus mal, qu'il faut que j'y prenne ce que je peux y prendre mais en travaillant pour moi, pas pour mes profs. Vivre ma vie et que l'école en fasse partie parmi d'autres trucs, et non pas considérer qu'en tant qu'étudiante, ma vie, c'est l'école. Je dois surtout éviter un maximum d'être trop scolaire. Je dois aménager un emploi du temps qui m'est propre, qui comprend les horaires de l'école mais qui y ajoute des petites choses à moi, des footings, un après-midi par semaine de temps libre, quelques heures pour poursuivre ma démarche plastique...
Et déjà, je suis rassurée. L'école aura de mon temps, mais pas tout. C'est à moi de m'organiser pour travailler le mieux possible, pas à mes profs de m'imposer un temps de travail, ou une manière de travailler. Non ?
Et là, présentement, comme je suis encore en vacances, j'ai envie : de voir du monde, de faire du jardinage, de marcher dans la montagne, de caresser des petits veaux dans la campagne havraise, de lire au soleil, de ranger et de nettoyer, de tapoter le sable mouillé de la paume de ma main (ça fait "flop flop"), de faire un trajet Le Havre/Caen en car en passant par la côte...
En fait, il va peut-être falloir que je parte un peu en vacances ! ;-)