En ce moment, on écoute tous nos CD les uns après les autres, et comme je suis maniaque (sauf pour le ménage et le rangement), on n'a plus le droit de choisir, on doit les écouter dans l'ordre exact dans lequel ils se sont auto-rangés dans le meuble quand on a emménagé. Comme on en a dix fois trop et qu'on écoute toujours les mêmes, j'espérais qu'on allait se débarrasser de 80% de notre stock mais finalement, à chaque nouveau CD écouté, on se dit "eh mais c'est trop bien, pourquoi on l'écoute plus celui-là !?". On va quand même envoyer valser le deuxième CD de Nouvelle Vague qui est vachement moins bien que le premier à part la chanson Fade to grey mais on s'est dit que ça valait pas le coup de garder un CD juste pour une chanson. On a aussi décidé de virer mon double album de MC Solaar, et finalement c'est J. qui a le plus hésité quant au sort à lui réserver parce qu'en l'écoutant (l'avions-nous déjà seulement écouté ensemble ?), il a trouvé ça chouette. Mais quand on n'a pas écouté un CD depuis dix ans, je pense qu'il y a des mesures à prendre, même douloureuses (là, ma chanson préférée).
Le CD de Nouvelle Vague ne m'évoque rien. C'est pour ça qu'il est si facile à jarter. Je ne me souviens même plus dans quelles circonstances il a été acheté. Nous avions le vague souvenir de l'avoir acheté ensemble mais sans mettre plus d'images sur le moment, l'endroit... Le premier CD de Nouvelle Vague, aussi écouté récemment (il était juste à côté de l'autre, un reste du classement alphabétique de notre cédéthèque à Bruxelles je suppose), me rappelle Rennes, ma chère amie C. qui était devenue vendeuse dans un magasin de beaux objets, et qui était si ravie de ce poste, qui prenait son rôle tellement à coeur ! Bref, elle voulait un CD pour parfaire l'ambiance du lieu, et elle m'avait emrpunté mon CD de Nouvelle Vague, qu'elle mettait en boucle tout le samedi dans le magasin, et c'est vrai que ça allait très bien au teint de l'endroit. Nous on allait la chercher cinq minutes avant la fermeture, on la trouvait toute fière derrière son comptoir, on lui achetait un truc à deux euros parce que sinon elle n'aurait rien vendu de l'après-midi et était un peu frustrée. Puis elle fermait boutique et on allait boire des Monaco parce qu'on était jeunes et que la bière toute seule, c'était encore amer pour nos papilles inexpérimentées. D'ailleurs, il faut que j'écrive un truc à propos des bars rennais, on en fréquentait plusieurs mais comme noms je me souviens de l'Artiste assoiffé (mon préféré car au moment du goûter ils servaient des biscuits ou des parts de gâteau gratos, et avec les boissons chaudes on avait un bonbon sur la soucoupe, et puis une ambiance très vivante et chaleureuse) et du Elsa Poppin (un truc du genre). Il y avait aussi le P'tit Vélo mais celui-là je n'ai jamais compris l'engouement qu'il suscitait. Les bars à Rennes, je ne sais pas si c'est un raccourci dans mon cerveau qui a imprimé à jamais "Rennes = Bretagne = Vannes = Mémé = marins bretons en cirés" mais bref, dans les bars à Rennes on se sent comme dans une cale de bateau et ça, c'est un truc idéal, parfait, confortable absolu. C'est ça qui fait que chez moi un jour, c'est sûr, j'aurai des maquettes de bateaux et des cartes accrochées au mur, et c'est pour ça que je suis en train de subtilement au fil des ans faire investir à J. dans une panoplie de fringues rayées. Dans les bars à Rennes le soir, il fait sombre et les lumières éclairent radinement, on est serrés mais tout le monde est sympa, il y a du bazar partout comme si on était chez soi, la déco semble avoir été faite par le patron et la patronne, les tables sont peintes maladroitement avec des petits dessins naïfs et colorés, il y a des journaux qui trainent et des tas de vieux trucs jaunis et un peu arrachés accrochés au mur, les hommes sont mal rasés et les femmes rigolent à gorge déployée.
MC Solaar, dans mon esprit, c'est Cergy-Pontoise, la Défense, ce genre de quartiers "nouveaux", modernes et spéciaux, des mecs en skate et sweats à capuches de quarante ans, une ambiance très banlieue que j'aime bien, et que je ressens encore en écoutant Faut que j'travaille de Princess Erika, une chanson que j'adore, très ambiancée CM2 dans mon esprit, très Cergy-Pontoise, oui. Un truc très serein, un sweat mais de bonne qualité, épais, pile à la bonne taille, gris clair.
Je suis avec J. depuis tant de temps (dix ans cette année !) que ça y est, il y a des fois où je veux raconter un truc de ma jeunesse mais je ne me rappelle plus bien mais lui peut me raconter parce qu'il était là. Un tiers de ma vie à ses côtés !