confinement sans tortillements
Les informations me donnent envie de m'installer à la campagne, ce qui est significatif car en temps normal, je me vois plus en ville (petite) du genre : pas de voiture, de la culture à proximité, des amis accessibles à pieds, une ludothèque et compagnie.
Mais là, tout à coup, je nous vois dans notre maison en pierres, dans nos vêtements à fleurs et nos pulls en laine de mouton, je visualise le potager qui déborde, le récupérateur d'eau de pluie, le four à pain au fond du jardin et la cheminée. Les pieds nus, les livres qui sentent le moisi, le patchwork près de l'âtre, les lits qui grincent et l'espèce de scotch pour tuer les mouches accroché au plafond de la cuisine. Les bottes terreuses dans la remise, les chats qui dorment dans le persil, les problèmes de souris sous le plancher, les araignées d'automne et le grenier poussiéreux investi par les enfants. Les chaussettes en laine raccommodées, les vélos de toutes les tailles, les jeux de société d'un autre temps empilés sur l'étagère. Les Gaston aux pages qui se détachent, les bouquets de fleurs de jardin sur la table de la cuisine et la radio au petit-déjeuner. Les tapis battus sur un fil dehors au printemps, l'étendage du linge dans le jardin, les oeufs des poules. Les ongles sales mais toujours le rouge à lèvres (quand même). Les Legos dans une salle de jeux en lambris dans la soupente, des pulls et des sous-pulls pour braver le froid, et l'odeur du café dans la cuisine. Les Birkenstock passées au soleil et sous l'eau du tuyau d'arrosage, qui traînent dans l'entrée, les pots à fleurs empilés dehors dans lesquels stagne de l'eau de pluie et font leur toile les araignées. Les rayons de soleil dans lesquels on voit voler la poussière comme tout un univers de planètes et d'étoiles, miniature, révélé. Les journaux qui ne sont plus du jour, un bol ébréché, des serviettes de table à carreaux. La tomette glaciale en hiver, la moquette qui sent la poussière, l'absence de pression pour l'eau de la douche. Un verre à dents avec 50 brosses à dents explosées dedans (alors qu'on est 4), le papier peint qui se décolle par endroits, il est plus clair sur le mur en face de la fenêtre qui donne sur le sud. Le noyau d'avocat qui germine sous le velux, le téléphone à fil en queue de cochon, une robe de chambre. Un stylo France Télécom, une chasse d'eau en l'air, qu'il faut littéralement tirer. Des meuglements qui entrent par la fenêtre, l'été. On n'aurait besoin de rien, on serait comme une famille lapin dans son terrier.