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4 août 2019

Mardi soir, en revenant chez moi, j'étais devenue

Mardi soir, en revenant chez moi, j'étais devenue errante. Je n'ai pas compris tout de suite ce qui m'arrivait, je passais de pièce en pièce comme si je cherchais quelque chose, sans bien savoir quoi. Je regardais dans tous les coins, j'inspectais mon bureau, je regardais dans les poubelles. Je ne m'asseyais pas, je marchais, doucement, en regardant partout. J'avais perdu quelque chose. Et puis j'ai compris que je cherchais des traces d'elle. Mais bien sûr, elle n'avait rien oublié en partant, elle n'avait pas perdu de cheveux, elle n'avait rien déplacé et rangé différemment de d'habitude.
Je cherchais des traces de ce qui avait été avant qu'elle ne soit plus là. Je voulais voir les épluchures de fruits que j'avais mangés avec elle, je voulais voir comment j'avais plié le linge avant, comme si je n'étais plus la même (je n'étais plus la même) et que je voulais voir comment faisait l'Elisabeth d'avant, pour ce genre de choses. Je buvais dans un verre lavé avant, enveloppée, rassurée, comme si c'était une maman qui l'avait lavé pour moi, donc forcément bien lavé, particulièrement bien lavé, comme je n'étais plus capable de laver.
Je pensais que l'endroit où elle était restée, l'endroit qu'elle avait bien connu, finalement, je le portais toujours sur moi. Je n'osais plus me toucher le ventre.
Je regardais par la fenêtre en me demandant ce que j'y voyais, avant. Et qu'avais-je regardé, remarqué, alors qu'elle était encore là ? Et tout me semblait bizarre, connu mais étranger, car elle n'était plus là, et que sans elle j'étais abandonnée et perdue.
Le voisin de derrière avait défriché son jardin, pour la première fois en presque 4 ans que nous habitons là, et je lui en voulais un peu d'avoir fait ça à ce moment-là, je voulais que rien ne bouge, que tout reste comme avec elle. La nouveauté était comme le paysage du train qui défile en vous séparant de plus en plus de celui que vous aimez, la nouveauté m'éloignait d'elle, c'était comme une petite trahison, comme regarder la suite du film sans elle.
Je trouvais des pêches et brugnons achetés au marché avec elle, en lui décrivant dans ma tête la beauté de l'étal.
Je re-reniflais ce petit bout de laine qui sentait elle, je re-regardais ces empreintes de ses pieds fins, je relisais les 5 mots de son bracelet de naissance. Je voulais la boire, la manger, l'ingérer, et j'avais si peu d'elle.

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Commentaires
M
je t'avais écrit quelque chose que j'hésitais à te partager, qui parlait aussi de ma soeur qui a perdu un bébé handicapé, à 3 semaines, qui n'est jamais sorti de sa maternité lyonnaise. Je suis sa marraine. Je te parlais des souvenirs qu'on a ou qu'on a pas, je relisais en me demandant si c'était bien ou pas de t'envoyer ca, et puis pfiout le message a disparu. Alors je ne le réécris pas. <br /> <br /> Mais tu sais, ce jardin que tu vois de chez toi, il va t'aider je crois plus que tu ne peux l'imaginer aujourd'hui...
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S
Je t'embrasse très fort.
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G
Je suis triste pour vous, je ne sais pas quoi dire, sinon des banalités mais ça ne changerait rien, parce que quand la vie vient puis repart c'est triste quoi qu'on dise ; en revanche tes mots, alors que c'est nous qui devrions te réconforter, comment dire, ils font du bien.
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