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12 novembre 2012

péripétie malheureuse

Il y  a un jour comme ça où je perds du sang quand je vais aux toilettes, en ayant un peu mal au ventre. C'est un samedi, celui où je lis La jeune fille à la perle. J., lui, lit Le monde selon Garp de John Irving, on est heureux, on file aux urgences, on attend quatre heures dans une salle d'attente mauve éclairée aux néons, et il y a un type qui a enlevé ses chaussures - ça pue horriblement. On lit, je dis que je prendrais bien un petit goûter, J. sort comme par miracle un petit pain au chocolat de son sac à dos. Tout est bien.

Puis c'est mon tour, prise de sang, prise d'urine. En attendant les résultats, on finit nos livres, puis on joue au Petit Bac, à Chifoumi. On se marre. Ensuite c'est l'heure de l'échographie, il est 21h00, on ne voit rien dans mon utérus, rien nulle part dans moi à part un gros kyste et puis un petit, contre mon ovaire droit, mais pas inquiétants quand on est enceinte. C'est le début de la grossesse, cinq semaines tout au plus, ça peut être normal qu'on ne voie rien, l'examen gynécologique est rassurant, il faut revenir le lundi, attendre que le taux d'hormones ait grimpé pour ré-échographier.

Le lundi à jeun, prise de sang, puis une attente très très longue, c'est le jour où je lis Jeux de main, on attend au service "consultations", c'est en sous-sol, nous sommes entourés de femmes enceintes jusqu'aux yeux. L'échographie ne montre toujours rien alors il faut recommencer 48h00 plus tard. Sauf que là, on nous dit "écoutez, c'est probablement une fausse couche mais il y a aussi un risque que ce soit une grossesse extra-utérine".
C'est là que les larmes coulent déjà, parce que de toute façon ce sera une mauvaise nouvelle, même si les dés ne sont pas encore lancés, ou si, ils sont lancés, ils sont en train de tomber au ralenti sur la table.

Le mercredi à jeun, on retourne à l'hôpital, ce coup-là je ne lis rien et J. non plus d'ailleurs. Prise de sang, attente interminable, puis échographie. Le résultat de la prise de sang n'est pas encore arrivé mais à l'échographie, la gynéco dit "ouh la la, maintenant il y a du sang dans l'utérus, et le petit kyste a grossi de 3cm en 48h00...".  Il faut opérer. Il faut ouvrir la trompe, pour pouvoir appuyer le diagnostic de la grossesse extra-utérine, à l'échographie on ne peut pas être sûrs de sûrs. Il faut opérer d'urgence. Dans trois heures. Là je ne peux plus me contenir, je pleure sur la table d'auscultation, J. a son regard inquiet.

Voilà comment on se retrouve un mercredi, à midi, à faire la queue pour les admissions de l'hôpital alors que la matin c'était juste un mercredi, bizarre mais pas anormal à ce point. Il reste deux heures 30 pour aller acheter de la lecture à la Fnac d'à côté, je choisis du Pennac et du Roald Dahl, je n'arrête pas de pleurer, j'ai envie de vomir. Je suis toujours à jeun. Je crève la dalle, ça ne m'éclaircit pas les idées. J'ai interdiction de boire ou de manger avant d'être opérée. Je n'arrive pas à joindre mon patron pour lui dire que je ne serai pas là le lendemain non plus, je frissonne en me disant "non, non, non, non". Je sens bien que c'est comme ça maintenant, qu'on n'y échappera pas, qu'il n'y a absolument aucune autre solution, aucun moyen de revenir en arrière. Et pourtant je n'aime pas ce que je vis, je n'ai pas envie de le vivre. J'ai l'impression qu'on va me jeter dans la fosse aux lions.

A 13h45, j'intègre ma chambre d'hôpital, une double mais où je suis seule, sans télé, avec vue sur la cour intérieure. On me montre le petit coffre fort où ranger mes effets personnels précieux, on me tend une chemise de nuit d'hôpital en me disant de l'enfiler sans rien en-dessous. C'est ainsi que je me retrouve assise sur ce lit, dans cette tenue, à trembler et pleurer sans fin, J. tout mal à côté de moi. C'est là qu'on réalise qu'on va se faire opérer, que c'est pour dans moins d'une heure, qu'on va se faire ouvrir le ventre et la trompe, qu'on va se faire endormir, qu'on va se faire retirer quelque chose qui était désirée, juste mal située. C'est tellement aux antipodes de la vie quotidienne, de ce qu'on imagine, de ce qu'on est habitué à vivre, c'est une sorte de cauchemar eveillé. Rien n'est familier, rien n'est agréable, rien n'est prometteur.

Et puis tout à coup, des infirmiers arrivent, ils me disent de me glisser sous le drap, pour la pudeur, parce qu'on va me promener en lit dans des couloirs et des ascenceurs. Je pleure, pleure, je suis tellement tendue, on m'emmène, je me retourne pour voir J. qui nous suit et je sens que dans mon regard il y a quelque chose qui chouine "Jérome" et je sens qu'il le voit et qu'il est aussi mal que moi. Je me sens complètement vidée tellement j'ai la trouille, une vraie trouille. Les infirmiers essayent de ma rassurer "ils vont s'appliquer, c'est leur métier", on me caresse le bras, on me pince la cheville à travers le drap, mais ça me fait pleurer encore plus fort toute cette gentillesse. Je suis entourée d'une espèce de bulle d'angoisse. J'interroge les infirmières, elles ne se sont jamais faite opérer et elles espèrent que ça ne leur arrivera pas. Une des deux est encore étudiante et semble tellement stressée avec moi, d'ailleurs elle finira par me dire qu'elle est super croyante et que là, elle va prier.
On arrive au sous-sol, il y a un panneau "bloc opératoire" à côté d'une porte, c'est là que J. doit s'arrêter alors que moi je dois continuer le chemin. C'est démesuré mais j'ai l'impression de rentrer à la morgue, moi qui ne suis jamais allée à la morgue, je me dis "on se croirait à la morgue".

On gare mon lit entre d'autres lits de gens qui vont se faire opérer. Il y a juste en face de moi une porte ouverte, c'est la salle de réveil, c'est écrit à côté, je vois des gens qui émergent. A côté de la porte, il y a une très grosse horloge qui dit qu'il est 15h00. Il y a des gens habillés et masqués de vert qui passent devant mon lit, tranquilles, genre pour eux tout est normal et banal, ça me fait super bizarre ; à droite je vois des panneaux "sens interdit - zone stérile". Il y a des tables d'opération qui ressemblent à des tables d'opération et ça ça fait super peur, il y a une armoire pleine de couvertures, il y a des gens qui installent des tables d'opération pour des gens qui vont se faire opérer tout de suite. Un truc pour caler la tête, un machin qui ressemble à une plaque de miel, des draps verts par-dessus. Il y a des infirmières qui nettoient des tables d'opération qui viennent de servir. Je ne cesse de pleurer, tout va mal là. Je voudrais Jérome.
Plusieurs infirmiers qui passent viennent me caresser le bras et me donner un mouchoir, à la fin j'en ai 7. C'est là que mon chirurgien vient me voir et que je lui dis d'une toute petite voix "j'ai pas envie de me faire opérer" et qu'il me répond que c'est parfaitement obligé et qu'en fait on n'a pas le choix, je le savais déjà. Et puis en fait, il m'annonce que sont arrivées deux urgences encore plus urgentes que moi et que donc, on va me remonter dans ma chambre et qu'on m'opèrera à 18h00.

Entre 15h30 et 17h30, j'ai passé deux heures avec J. qui avait mangé entre-temps un burger spécial Belgique chez MacDo, et qui avait retrouvé un peu d'énergie positive (au départ il était à jeun avec moi, enfin, il avait juste mangé deux biscuits en guise de p'tit dej'). J'ai eu au téléphone mon amie Chloé qui m'a parlé de ses opérations à elle. J'ai passé deux heures assise sur mon lit à ne rien faire, j'ai eu un peu le temps de me dire "bon, je vais me faire opérer". J'avais un peu moins le sentiment qu'on m'avait cueillie à la sortie de la Fnac pour m'enlever notre embryon.

On me remmène au bloc, je tremble toujours autant mais je ne pleure plus, j'ai demandé à J. de ne pas m'accompagner pour ne pas ajouter de drame à la situation qui n'en manque déjà pas. A 18h00, me revoilà dans le parking à lits du sous-sol, mais là je suis seule. J'ai la chair de poule et l'anesthésiste et l'infirmière qui vont assister mon opération débarquent et l'anesthésiste me serre la main en me disant son nom alors je lui dis "Enchantée, Elisabeth". Et là, il se met à me parler en Néerlandais alors moi aussi même si c'est pas simple et puis en fait après il a un air surpris et il me dit "Spreek jij Frans ?" alors je dis "Ja, ik ben Frans" alors il me dit "Mais pourquoi vous m'avez parlé en flamand ?" et je lui dis "Mais non, je vous ai dit mon nom". Ils emmènent mon lit jusqu'à la table d'opération, préparée là, pour moi, en zone stérile. Ce coup-là c'est la mienne. Je leur dis que je n'ai pas du tout envie de me faire opérer et que je préfère qu'ils le sachent. Ils me couvrent d'une couverture chaude. Je sanglote sans pleurer, je grelotte. Je leur dis qu'ils vont voir mes ovaires en vrai, ils me disent qu'ils en ont déjà vu des milliers.

La salle d'opération ressemble au vaisseau spatiale des Playmobiles qu'il y a à La Clusaz dans l'appartement de mon oncle et de ma tante. C'est la même forme et les mêmes gammes de couleurs. Je suis très impressionnée par la grosse lampe au-dessus de moi. On me cale les bras avec des serres-livres pour bras et des coussins, on me colle des autocollants ronds partout sur la poitrine et les côtes et en fait je n'arrête pas de parler, de dire "et vous, vous vous êtes déjà fait opérer ? Vous aviez eu peur ?" et l'anethésiste comme l'infirmière disent oui et non et je trouve qu'ils se la pêtent un peu. L'assistante du chirurgien débarque et me dit "ne vous en faites pas, vous allez entrendre des bruits, c'est juste que je prépare le matériel". Je demande pourquoi le bloc est en sous-sol, on me dit qu'il faudrait demander à l'architecte. Moi je trouve ça glauque. L'assistante du chirurgien dit "on n'a pas vraiment besoin de la lumière du jour pour notre travail". L'anesthésite me plante une perfusion dans la main, mais il le fait très bien car ça ne me fait pas mal. Je lui demande si je vais avoir l'impression de mourir quand il va me mettre le masque, il m'assure que non. Je leur demande de quoi ils vont parler pendant qu'ils vont m'opérer et ils me disent qu'en général ils parlent peu, ou alors de ce qu'ils sont en train de faire. Je demande à l'anesthésite de me pincer quand il pensera que je serai endormie, pour être sûr que c'est bien vrai, et il m'explique qu'il  a fait douze années d'études dont cinq de spécialité, et que donc il a d'autres techniques. J'ai peur de ne pas avoir mal mais de sentir qu'on me touche, comme quand le dentiste s'acharne sur votre dent, que vous ne sentez rien mais que ça vous fait bouger toute la tête. Mais on me dit que je serai parfaitement inconsciente.

Là, on me met un masque pour me rendre zen parce que je crois que je parle trop. Je demande si il y a d'autres opérations prévues après moi, ils me disent qu'ils en ont encore deux au programme, l'anesthésiste me dit que lui il va travailler toute la nuit. Je leur dis "bon, mais vous vous appliquez quand même, hein ? Vous prenez votre temps ?!". Là, le chirurgien débarque, on me dit qu'on ne peut pas me promettre que j'aurai encore ma trompe à mon réveil et qu'on est désolé, puis "on va vous endormir, pensez à quelque chose de positif", je sens un vent de panique monter en moi, on me dit "vous pensez à quelque chose de positif là ? vous pensez à quoi ?". Je m'entends dire "un barbecue" puis j'entends un éclat de rire général, quelqu'un qui dit "ah ouais, bonne idée un barbecue..." puis plus rien.

Une heure plus tard, on me réveille en me criant "Madame !" dans l'oreille, c'est trop dur d'émerger, j'ai mal, envie de pisser, je dis "ma trompe ??!!" et on me dit "c'est bon, vous avez toujours les deux, tout s'est bien passé". C'est l'horreur absolue, je redoutais l'endormissement et l'opération mais alors le réveil, je n'y aurais pas pensé, quelle angoisse ! En plus on me met un tuyau à oxygène dans le nez et ça me fait mal, et puis je suis reliée à des fils de partout et il y a un truc qui fait "tiiiip    tiiiiip" et ça me stresse à mort. J'ai la langue et les lèvres complètement désséchées, ils est 19h00 et ça fait presque 24h00 que je n'ai ni mangé ni bu. Il y a une grosse horloge pile en face de mon lit et comme on m'a dit qu'on me remonterait dans ma chambre à 20h00, je regarde les aiguilles tourner et le temps ne passe plus. Heureusement débarque un infirmier qui dit aux infirmières "bon, je peux ramener madame ? Il y a son compagnon qui tourne en rond en haut depuis une heure, ça me fait mal au coeur !". Les infirmières lui disent "mouais, seulement si elle n'a plus mal !" et me demandent "vous avez mal ?" et moi de dire comme je peux (langue et lèvres complètement désséchées) "non !... non, c'est bon !" alors qu'en fait si, j'avais mal.

Et voilà comment me revoilà dans ma chambre, J. souriant et l'infirmier aimable me proposant des cotons-tiges géants imbibés de jus de citron pour me désaltérer, même que ça marchait moyen. J. m'a lu les deux premiers chapitres des Deux gredins après que je lui ai donné des nouvelles de ma trompe (parce qu'on avait tous les deux les boules qu'on me l'enlève vu qu'on nous avait dit dix fois que selon l'emplacement de l'embryon et l'état de la trompe, il faudrait peut-être la retirer). Assez vite, j'étais trop nerveuse, j'avais envie de dormir, je lui ai demandé de partir. Je m'endormais et me réveillais toutes les heures, de 20h30 à 22h30. Je sentais une grande panique au bout de mes doigts, moi qui suis très très nerveuse, mes doigts ne me trompent pas, quand ça tremble, quand il y a là un surplus d'énergie, c'est très difficile à vivre. J'ai crû que je n'allais jamais passer la nuit tant j'étais dans le 36ème dessous, que j'avais cette folie dans les doigts, et puis j'étais obligée de rester sur le dos parce que j'étais reliée par la main gauche à ma perfusion, et par le ventre, à droite, à un drain énorme d'où s'écoulait du sang, du sang, du sang. Mais je commençais à avoir mal au dos, mal aux épaules, des courbatures comme si j'avais fait un déménagement. C'était invivable et il n'était pas tard alors j'avais toute la perspective de la nuit devant moi. J'ai pensé plusieurs fois que j'allais vraiment devenir folle. Heureusement a débarqué le chirurgien dans ma chambre aux alentours de 22h30, je ne l'attendais pas du tout mais que j'étais heu-reuse de le voir ! Il voulait juste me dire que l'opération s'était déroulée à merveille, que l'embryon était parti très facilement et que du coup tout avait pû être fait très proprement. Il me dit "tout va bien ?" et moi de lui répondre en chignant (c'est très infantilisant de se faire opérer à jeun à 18h00) "nooooonnn, je veux faire du spoooort". Oui, j'ai répondu ça, je sais c'est étonnant mais c'est clair que cette énergie insupportable des doigts, je voulais la dépenser. Il m'a dit, très étonné "ah ? mais malheureusement c'est parfaitement impossible là !" alors je lui ai expliqué ma nervosité et du coup il m'a dit qu'il allait m'envoyer une infirmière accompagnée d'un calmant, que j'avais probablement fait de l'hyperventilation vu comment j'avais été nerveuse avant l'opération. Et il m'a dit que j'avais le droit de boire.

Là, l'infirmière s'est raboulée avec une bouteille d'eau (une petite mais quand même) et un Xanax que j'ai pris et qui m'a soulagée, mais soulagée ! Parce que je commençais à battre des pieds au fond de mon lit. Et je me suis endormie comme un bébé. Je me suis réveillée quelques heures plus tard, j'ai longuement regardé les petites lumières de l'autre partie de l'hôpital, que je voyais depuis mon lit. J'avais "69 année érotique" dans la tête et à ce moment-là, je me suis sentie super bien, j'ai même fait durer ce moment en ne me rendormant pas tout de suite.

Voilà. Après, il y a eu le drain qu'on a  dû me retirer, les pansements qu'on m'a changé, d'autres prises de sang, les salsifis sans sauce du déjeuner, les rendez-vous notés sur une ordonnance pour les semaines et les mois à venir. Il y a eu la kiné qui m'a appris à me lever et à me coucher sans utiliser mes abdos, ma voisine de chambre qui se faisait opérer dans six heures mais qui s'est mise en chemise de nuit dans son lit, l'émission de télé qu'elle regardait, avec casque, mais sous-titrée, qui faisait que je pouvais suivre en même temps qu'elle alors que je n'avais pas payé pour le service télé. Il y a eu deux livres lus et du mal au dos dû à l'air qu'on avait mis dans mon ventre pour l'opération, pour la caméra passée dans mon nombril pour opérer par seulement trois petits trous dans le bas-ventre. Et puis à 14h00, on m'avait toute débranchée, on m'a dit que je pouvais partir, j'avais l'impression d'avoir fait un semi-marathon la veille. J. est venu me chercher et a noué mes lacets parce que je ne pouvais pas me plier en deux.

Ensuite il y a eu le cafard immense sur le chemin de la maison, le temps au crachin, le pas envie de venir de vivre ça et que ce soit fini, inexorable. Le sentiment de quitter ma maison en quittant l'hôpital, le pas envie d'en partir, l'impression que j'y étais depuis trois semaines, le dégoût de penser qu'on va retrouver sa vie et qu'il va falloir la vivre. Beaucoup de colère et de tristesse et de désespoir.

Et puis pendant tout ce temps, il y a eu des sms de mes amies dans la confidence, un énorme bouquet de fleurs, les versions Fémina abandonnés chez nous par la maman de J. précisément épluchés, le mal-être assise, couchée, debout, l'impression d'être grippée, les mauvaises nuits, des cauchemars aussi, avec des bébés qui meurent et mes cheveux qui tombent, il y a eu beaucoup de racontage à tout le monde, il y a eu des gens compatissants, d'autres qui m'ont dit "c'est rien" à qui j'ai eu envie de casser la gueule, des qui m'ont dit "ah oui, j'ai une copine qui a fait une GEU, après elle en a refait quatre !".

Il y a eu un rebondissement avec mon taux d'hormones qui avait grimpé en flèche au lieu de redescendre, trois jours plus tard, et la perspective exposée par le chirurgien qui était sûr de n'avoir pas laissé le moindre morceau de placenta dans ma trompe, que j'étais peut-être encore enceinte, dans l'utérus cette fois, que ça arrivait. Il y a eu un espoir de folie, de la joie retrouvée, de nouvelles prises de sang et échographies faites, mais rien, rien à voir que mon taux d'hormones augmantant comme un taré. Alors le chirurgien, désolé et déçu, m'expliquant que pour lui c'était un échec de devoir me faire ça, m'a prescris une piqûre à planter dans ma fesse pour empoisonner toutes les cellules qui pouvaient éventuellement rester dans ma trompe, les détruire et qu'elles ne me détruisent pas.

Il y a maintenant la pilule que je dois prendre, les fils que je fais retirer demain, la prise de sang de lundi à venir, la fin.
J'ai retrouvé hier mes collègues et ça m'a fait énormément de bien même si j'ai pleuré en les retrouvant. Alors ils m'ont proposé des Ferrero Rochers, une chaise, fermer la porte pour pas que j'aie froid.

Il reste la nausée, le mal d'épaules, l'envie de me gratter le ventre, mes cernes, ma voix toute petite, par moments. La peur des prochaines grossesses, de la récidive, des prises de sang que je devrais faire toutes les 48h00 jusqu'à ce qu'on voie quelque chose dans mon utérus.

J'ai l'impression de me réveiller d'un très mauvais rêve, je n'ai pas envie qu'on me dise que la vie continue, je le sais, mais j'ai perdu là beaucoup d'énergie, beaucoup d'énergie que m'apportait ce projet repoussé.

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Commentaires
C
J'ai lu ce message hier soir avant de m'endormir, je n'ai pas pu commenter, trop d'émotions. Et j'en ai rêvé cette nuit, parce qu'il me ramène tout soudain des années en arrière, quand j'attendais -sur le chariot dans le couloir avant le bloc opératoire- , -seule, avec la trouille au ventre et sans lunettes- cet enfant qui n'arrivait pas.
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C
J'ai pleuré et j'ai ri ( le parler en néerlandais c'est trop drôle, je l'ai presque entendu). Quel courage (?) Allez haut les coeurs....Couac a fait du sport ? Bises bien tendres à vous
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M
qu'ils sont difficiles à lire ces mots. ton récit me laisse les machoires serrées.<br /> <br /> tes mots sont précis et donc encore plus durs à lire.<br /> <br /> j'espère qu'aujourd'hui le faire-avec est plus supportable.
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Q
Moi qui te suis régulièrement, j'étais inexplicablement passée à côté de ta "péripétie malheureuse", que tu évoques à demi mots dans ton bilan de 2012... alors voilà, je t'embrasse fort, fort... et croise les doigts pour vous pour 2013...
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F
Je passe parfois en coup de vent et picore les nouvelles de "Couac" sans laisser de traces, mais cette fois je me permets un petit mot. J'espère surtout que depuis vous allez mieux, que les douleurs de cette épreuve s'estompent un peu et que petit à petit vous reprenez confiance. De tout cœur avec vous.
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